En cette période tennistique, j'offre généreusement mes services pour expliquer les règles aux pauvres béotiens qui n'ont pas l'habitude de regarder Roland-Garros.

1. On compte des points, à l'intérieur de jeux, à l'intérieur de sets, à l'intérieur d'un match.
   1. Les points se comptent n'importe comment, un point en vaut quinze, sauf quand on a marqué deux points, le troisième n'en vaut que dix ; après on ne compte plus, sans doute parce que le type qui avait commencé à pondre une équation pour continuer s'est fait assassiner à coups de raquettes; on parle alors d'avantage, en oubliant les inconvénients.
   2. Une fois qu'on a marqué trois points, qui en font donc quarante, qu'on a obtenu un avantage et qu'on a marqué un autre point juste après l'avantage, alors ce point et tout ce qui précède vaut un jeu.
   3. Faut marquer plein de points pour gagner un jeu, et faut marquer plein de jeux pour gagner à ce jeu. Je sais pas qui a pondu ces règles, mais moi j'y suis pour rien, ne vous plaignez pas, je vous explique juste.
2. Les sets vont jusqu'à six, sauf si les deux joueurs atteignent cinq, auquel cas on va jusqu'à sept.
   1. Mais si les deux atteignent six, pour déterminer celui qui arrive à sept et prend le set, ben là c'est encore une autre affaire, on fait un mini-set dans le set qui là par contre ne va pas à six mais à sept, et on ne compte plus de quinze en quinze, cela va sans dire.
   2. Par contre, si dans ce mini-set les deux arrivent à six, on ne refait pas de mini-set dans le mini-set, on va à huit, et ainsi de suite. C'est limpide.
3. Un monsieur est là, dans une chaise haute, sans bavoir mais avec un micro, pour régler tout ce bordel avec une espèce de calculatrice.
   1. Il y a des gens au bord du terrain qui sont penchés en avant en regardant par terre, et ces gens-là indiquent régulièrement en criant brusquement les issues de secours en cas d'incendie, comme dans les avions.
   2. Il y a des petits garçons ou des petites filles pauvres qui sont là aussi, cachés au bord du terrain, et qui courent pour piquer des balles, les salauds. Mais comme personne ne les poursuit, et c'était ça même avant que la gauche passe le 6 mai, ils restent là pas loin, et même du coup de temps en temps ils les rendent aux gens qui jouent, pour ne pas qu'ils soient trop tristes.
   3. Si les gens qui jouent sont trop tristes, alors les enfants pauvres leur donnent des serviettes pour essuyer leurs larmes.
4. Le terrain sur lequel les gens jouent proviendrait à l'origine d'un dessin maya du Vème siècle avant J-C, sur des collines chiliennes, mais il faut que je vérifie mes sources avant de vous dire des conneries.
   1. En gros, il y a plein de lignes qui forment des carrés et des rectangles.
   2. Au début il faut se mettre derrière une ligne pour envoyer la balle dans un petit carré derrière un filet de pêche, mais après on a le droit de l'envoyer un peu partout dans un grand rectangle, pour que l'autre joueur fasse du sport et coure un peu, sans rester toujours bêtement au même endroit.
   3. Si un joueur n'arrive pas à toucher la balle, tout le monde applaudit pour se moquer de lui. C'est pour ça que les joueurs sont souvent tristes et qu'on leur donne des serviettes.
5. Les joueurs utilisent des raquettes, pour ne pas se faire trop mal aux mains en tapant dans la balle.
   1. On peut faire des “coups droits”. Les coups droits peuvent partir complètement de travers, ça reste des coups droits.
   2. Si on ne peut pas faire de coup droit parce que le joueur en face envoie la balle du côté où on n'a pas de raquette, et qu'on a pas envie de se faire mal aux mains, on peut faire un “revers”. On peut faire plein de revers et gagner quand même. De même, le match peut aboutir à un sérieux revers même si on n'utilise pas du tout de revers.
   3. De manière générale, il ne faut donc pas se fier au vocabulaire sportif. Ce n'est pas pour rien qu'ils font du sport. S'ils savaient écrire, ils feraient de vraies études.
6. Il y a des joueurs qui portent des t-shirt avec des couleurs bizarres. Ce n'est pas parce qu'ils se sont vomis dessus à force de courir très vite juste après avoir mangé des bananes, c'est parce que des gens très riches les obligent à porter ces vêtements horribles contre de l'argent.
7. Autour du terrain, il y a des pendules et des chronomètres, issus probablement d'une campagne de prévention, destinée à informer les joueurs et leur entourage du temps qu'ils perdent par jour à jouer à ce jeu débile. Comme les associations de protection de l'enfance avec les jeux vidéos.
   1. Il y a aussi des radars, comme sur les autoroutes, pour flasher la vitesse des balles. Le public et les médias sont particulièrement subversifs à ce sujet, car dès qu'une balle dépasse les 200 km/h, tout le monde est content. Sauf le joueur d'en face, dont on se moque alors en rigolant.
   2. À ce moment-là, si le joueur est triste, on peut lui donner une serviette, mais je crois avoir déjà précisé ce point.
8. Les effets nocifs de ce jeu sont mésestimés.
   1. Ce jeu semble favoriser la schizophrénie, les joueurs parlent tout seuls, et on le sait parce qu'il y a des micros sur le bord du terrain, qui existaient avant l'avènement de la télé-réalité.
   2. Sur les femmes, ce jeu semble par contre avoir des vertus aphrodisiaques, et ce particulièrement chez certaines joueuses slaves.
   3. Notons qu'il est possible que certaines simulent pour attirer des spectateurs riches qui leur paieront des tenues horribles qu'elles seront obligées de porter, même si dans ce cas la logique m'échappe un peu.
9. Le tennis est un sport de gauche.
   1. On peut partir à la retraite quand on veut et ce, bien avant 60 ans.
   2. Les reconversions sont variées; si on estime qu'on a des choses à dire, on devient entraîneur; si l'on a rien à dire, on devient commentateur sportif; et si l'on a rien à dire mais qu'on en est pas conscient, on peut aussi devenir chanteur.